Mercredi 12 novembre 2008 à 17:48

Mon truc, à moi, c'était voler. Je savais voler. Un oiseau, oui, parfaitement, un oiseau. Vous savez, l' Albatros.Celui de Baudelaire. Celui qui ne savait pas marcher. Mais alors quand il volait...Qu'est-ce que c'était...beau? C' était lui, tout simplement. Pour ceux qui ne voient pas, un extrait, pour vous montrer, pour vous saisir, pour que vous puissiez saisir.

 

Souvent, pour s’amuser, les hommes d’équipage
Prennent des albatros, vastes oiseaux des mers,
Qui suivent, indolents compagnons de voyage,
Le navire glissant sur les gouffres amers.
 

À peine les ont-ils déposés sur les planches,
Que ces rois de l’azur, maladroits et honteux,
Laissent piteusement leurs grandes ailes blanches
Comme des avirons traîner à côté d’eux.
 

Ce voyageur ailé, comme il est gauche et veule !
Lui, naguère si beau, qu’il est comique et laid !
L’un agace son bec avec un brûle-gueule,
L’autre mime, en boitant, l’infirme qui volait !
 

Le Poète est semblable au prince des nuées
Qui hante la tempête et se rit de l’archer ;
Exilé sur le sol au milieu des huées,
Ses ailes de géant l’empêchent de marcher.

 

Finalement, je vous l'ai mis en entier. Oh, bien sûr, je n'étais pas poète, enfin, je ne prétendais pas l'être. Mais là n'est pas la question qui me touche aujourd'hui. C'était juste pour vous impressioner :  Vous imprimer une image. L'albatros. L'indolent compagnon de voyage, l'infirme volant, le roi maladroit. Des ailes de géant, voilà ce qu'il y avait céans. Je volais sur les mots, vlaaaaam, fuuung, sfoooou, psss, je sautais de l'un à l'autre, je jonglais, je ciselais...De la voltige, j'vous dit, un numéro d'équilibriste. C'était ça mon équilibre. Voler.
Un petit albatros mais un albatros quand même. J'avais des ailes au bord des yeux...


Je savais voler. Et ils m'ont fait poisson pour pouvoir naviguer dans leurs eaux...Mais je ne peux même pas nager moi!

______________________________________

"La vérité, est comme une couverture qui vous laisse les pieds froids.
On a beau tirer dans tous les sens, y'en a jamais assez
On la tire, on la pousse
Et elle est trop petite pour nous tous.
Du moment où on entre en gémissant,
Au moment où on part agonisant
On se cache sous la couverture!
Et on pleure, on crie, et on se meurt..."
  Le Cercle des Poètes disparus.


"Truth, like, like a blanket that always leaves your feet cold."
"Forget them, forget them! Stay with the blanket, tell me about that blanket!"
"You, y- y- you push it, stretch it, it'll never be enough. You kick at it, beat it, it'll never cover any of us. From the moment we enter crying to, to the moment we leave dying, it'll just cover your face as you wail and cry... and scream."
The Dead Poets Society.

Par c. le Mercredi 12 novembre 2008 à 20:23
Ne laisse personne te faire croire réduite au néant.
Tu es si vivante...

Et c'est beau de voir un albatros voler.
Par ce-qui-reste le Jeudi 13 novembre 2008 à 0:59
Réduite au néant non...Juste les ailes cassées par la peur, par la pression, par le courant...C'est juste qu'il est différent : je sens l'air, mais il est submergé par l'eau, dominante dans le leur. Mais je les tiens fermement mes ailes. ^^
Par Medigane le Vendredi 5 décembre 2008 à 0:34
J'ai l'habitude de dire que je n'aime pas la poésie. Pour moi, ce n'est qu'un amas de mots mièvres maladroitement juxtaposés pour en faire des rimes.

Mais ce n'est pas vrai.
Baudelaire est le seul poète que je ressente, que je comprenne, et ses mots me font vibrer. Parce qu'il arrive à exprimer les choses exactement comme j'aurais voulu les dire, si seulement j'avais eu son talent.
Merci de m'en avoir offert un extrait.

Et merci d'y avoir associé le jeune Todd.
 

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