C'est marrant. Il m'a toujours fallu la nuit.

Je pense que si je vivais dans un endroit sans nuit, ce serait difficile. Oh pas impossible. J'aime le soleil. 

Mais vivre en pleine lumière n'est pas agréable. La nuit c'est ne pas tout montrer, c'est tenir à quelque chose, tenir et laisser passer. Tout respire, la nuit. Si pendant longtemps on a pu m'imaginer faisant partie du règne animal, aujourd'hui je pencherais plus vers le végétal.

La nuit c'est échapper et incarner. 
C'est oublier et revenir à la source. C'est vivre pour soi, et se tenir la main. Tous les chats sont gris. 

La nuit devrait être un espace libre de tout jugement. Après tout la lumière est caressante, pourquoi les esprits ne le seraient-ils pas. Rien n'est trop abrupt, même parmi les rats et les cafards, les clochards et les monstres. 
Je crois que j'écris ce texte parce qu'au fond, j'ai un truc qui me chiffone. Qui me prend à la tête, à la gorge et ainsi de suite. 

Peut-être que c'est cette fête des Mères qui me dérangeait hier. Peut-être que c'est dur. Peut-être que c'est la voix d'un ami qui m'appelle en ayant bu, et qui reprenait - pour rire, sans le savoir- les mêmes propos que ma mère.
Peut-être que c'est les propos d'hier et des trucs pas justes.
Peut-être que c'est simplement là, au fond. 


Mais cette nuit, il faisait bon, tu sais.